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Intolérances & Maladie coeliaque

Intolérances et allergies alimentaires, l’enfer !

Là on attaque du très très lourd, un sujet qui va faire mouche. Allez, pour la peine on commence avec les trois meilleures punchlines de ma carrière. Hommage à la Mafia K1 Fry, cet article il est « Pour Ceux ».

 

Pour ceux, qui tapent des crises d’eczéma après une tranche de gouda.

Pour ceux, qui ont des selles liquides et des épées dans le bide.

Pour ceux, qui ont la haine contre ce foutu gluten !

 

Ou juste pour toi pour qui tout va bien et qui veut VRAIMENT COMPRENDRE pour quelles raisons les produits laitiers ne sont plus « nos amis pour la vie », comment la cacahuète tue et pourquoi le gluten fait aujourd’hui plus scandale que la mort de Michael Jackson.

Intolérance alimentaire, maladie coeliaque, le gluten est un sujet d’actualité controversé.

Quand intolérance rime avec défaillance

Et je pèse mes mots. Parce qu’en pratique, être intolérant alimentaire ça veut dire être hypersensible à certains aliments qui ne devraient normalement pas poser problème, et ressentir des symptômes après ingestion régulière – ou pas – de ces derniers. Le hic, c’est que que dans les faits ça peut se traduire de mille et une façons différentes : troubles dermatologiques, problèmes ORL récurrents, douleurs articulaires non justifiées, fatigue, digestion difficile, diarrhée… etc. Dur dur de mettre le doigt sur le ou les coupables, mais crois-moi ça peut changer ta vie. Avant de démarrer ton enquête, il est important que tu comprennes précisément de quoi il en retourne.

 

Pour faire simple, une intolérance alimentaire, c’est ton corps qui manifeste son mécontentement quand tu lui présentes une denrée qui ne lui plaît pas. Les aliments sont liquéfiés par ta bouche puis ton estomac pour être absorbés dans l’intestin grêle et là, ça coince : au moment de passer dans le sang ou dans la lymphe, ton système immunitaire les identifie comme intrus, et génère des anticorps. Pour toi, ça donnera une belle plaque d’eczéma ou le nez qui coule dans les jours qui suivent. Mais que peuvent donc bien avoir tes cellules immunitaires contre ce brave morceau de camembert ?

Si tu as lu avec attention les précédents articles, tu sais désormais qu’avant d’en arriver au grêle, les protéines sont découpées puis redécoupées avant d’arriver en tout petits fragments (acides aminés) assimilables par la muqueuse. Mais il arrive parfois que le travail ne soit pas parfaitement achevé et que des petits morceaux de protéines arrivent entiers au beau milieu de l’intestin.

 

Normalement, quand tu as une muqueuse intestinale en pleine forme, ces fragments sont évacués et ne sont pas absorbés ni par les vaisseaux sanguins, ni par le système lymphatique. Malheureusement, si le système de défense de ta muqueuse est fragilisé ou irrité, ces petits fragments peuvent parvenir à passer la barrière intestinale et sont absorbés dans le sang ou la lymphe.

Tes cellules immunitaires sont aussi vives que le redoutable et fameux policier shanghaïen.

Tes cellules immunitaires (les lymphocytes) voient donc arriver au mauvais endroit des morceaux de protéines qui n’ont rien à faire là. Ni une ni deux et aussi vives que le flic de Shanghai, elles se précipitent sur l’intrus.

 

Plus elles se retrouvent confrontées à sa présence, mieux elles sont entraînées et plus violemment elles réagissent. Ce qui fut trois petits boutons sur les mains peut donc devenir une grande plaque qui démange tout le bras ou même pire, selon les cas. Ta grand-mère dirait probablement « il ne faut pas rajouter de l’huile sur le feu ! » Sage parole, que l’on pourrait traduire par « n’entretiens pas l’inflammation si tu ne veux pas que ça devienne vraiment l’enfer ».

* Procès alimentaire : accusés, levez-vous !

Petit rappel : dans ton intestin, c’est le système lymphatique qui accueille les graisses ; d’autre part, c’est le premier réseau du système immunitaire au niveau de l’intestin – bien plus concentré que dans le sang. Autant te dire que si un intrus passe dans la lymphe, ça fait grand bruit instantanément.
Pas de surprise de retrouver dans le top 5 des intolérances les plus communes des aliments à la fois gras et très riches en protéines qui ont donc plutôt tendance à passer dans la lymphe que dans le système sanguin… j’ai nommé les produits laitiers, les œufs ou les arachides !

Tu as saisi l’essentiel ; vient alors le moment où se pose la question qui tâche, tu as des troubles divers sans pouvoir y mettre d’explications et tu veux savoir s’il s’agit d’intolérances alimentaires, comment faire ? Pour résoudre cette problématique, deux chemins s’offrent à toi :

Option n°1 : « Do it yourself »

Pas évident, résultat incertain, mais courageux et efficace sur le long terme. Munis-toi d’un cahier et d’un stylo, et pendant un mois au moins, chaque fois que tu ressens des symptômes, tu notes PRÉCISÉMENT tout ce que tu as mangé le jour même et la veille, voir l’avant-veille de la crise. Au bout d’un moment, tu devrais voir apparaître certains aliments qui reviennent à chaque crise. Ce sont ceux-là que tu vas devoir exclure un temps de ton alimentation – certains pourront être réintroduits après trois à six mois – juste le temps de te reconstruire un intestin digne ce nom.

Tes armes idéales pour tenir un journal de nutrition et trouver tes intolérances alimentaires.

Option n°2 : « Cash Money bébé »

Option grand luxe, tu peux passer directement par un laboratoire d’analyse qui, après une simple prise de sang, te sort un beau petit compte-rendu de toutes tes intolérances et de leur niveau de gravité. Ce test s’appuie sur la présence (ou non) de certains anticorps dans ton organisme. C’est fiable, c’est rapide, c’est précis – mais ça se paye. Pour info, en France, les laboratoires ZAMARIA et IMUPRO proposent respectivement un spectre d’analyse plus ou moins large en fonction de la somme que tu es prêt à engager. Business is business, chéri.

Pour détecter les intolérances alimentaire, le laboratoire d’analyse est plus coûteux mais efficace.

Gluten et maladie coeliaque, MA CLAQUE

Ne mens pas. Qui que tu sois, je sais qu’un frisson t’as parcouru à la lecture de ce titre.

 

Peut-être que tu es toi-même intolérant ou hypersensible au gluten et que chaque invitation à dîner est devenue un enfer. Ou que tu as juste changé de régime alimentaire parce que les médias t’ont fait peur. Tu fais peut-être même partie des « Gluteno-sceptiques », et la simple lecture de ce mot a réveillé en toi une rage profonde – une colère à en molester ces saloperies de bobos militants du « Gluten free » à grand coup de baguette tradition. Qui que tu sois, ces lignes sont pour toi.

* Gluten, Kézako ?

Pour faire simple, c’est un « amalgame de protéines » présent dans certaines céréales telles que le blé – même si on en retrouve dans l’orge, le seigle, l’avoine. Mais attention, le gluten n’est pas produit au hasard, c’est même le système de défense de ces chères petites plantes !
Essaye donc de les comprendre une seconde. Comme tout être vivant sur cette planète (à part toi, peut-être) elles n’ont qu’un objectif : se reproduire. Pas question de laisser les insectes et oiseaux picorer toute leur descendance ! Pour se défendre, elles freinent donc l’appétit des gourmands en injectant dans leurs graines une toxine qui vient perturber la digestion de ceux qui la mangent.

Une chance pour nous, notre système digestif est un peu plus gros que celui d’un criquet, et donc moins sensible à cette toxicité. Normalement, à petite dose, on n’en ressent même pas les effets.

En plus, pour faire du pain, c’est quand même bien pratique : c’est le gluten qui confère toute son élasticité à la pâte. Quand le pain « lève », c’est grâce à cette « colle » que la mie se tient et reste bien aérée. Miam !

Le problème, c’est qu’il y a cinquante ans, on a voulu mécaniser le pétrissage du pain. Or il faut une pâte sacrément élastique pour qu’elle assume un pétrissage mécanique, on sélectionne donc des farines plus riches en gluten… que l’industrie agroalimentaire utilise absolument partout : pizzas, hamburgers, pâtes, biscuits, sauces, plats préparés, etc. Résultat des courses, on en consomme beaucoup plus régulièrement et bien plus que par le passé – et ça cause un tas de problèmes. Si seulement on prenait un peu le temps de se faire à manger…

C’est vrai qu’avec tout ça tu ne sais toujours pas exactement COMMENT ça se passe dans ton organisme. D’ailleurs c’est pas marqué sur les paquets de gâteau « spécial hipster », ni expliqué clairement au restaurant « EXKI » de la gare Montparnasse… Devrait donc pas vraiment y avoir matière à scandale, non? A toi de juger, après ces quelques lignes.

 

Le mode de fonctionnement est simple. Notre corps ne dispose pas des enzymes nécessaires pour dégrader certaines protéines du gluten – en particulier la gliadine. Cette dernière peut donc profiter d’une paroi intestinale un peu fragilisée pour pénétrer dans les cellules et à terme, dans le sang. Bien entendu, le système immunitaire réagit, mais le problème, c’est qu’il peut devenir excessif…

Problèmes de digestion liés à la réponse immunitaire de ton corps face au gluten.

Dans le cas d’une sensibilité au gluten, les troubles sont modérés et les symptômes s’apparentent à ceux d’une intolérance alimentaire classique : troubles digestifs, ORL, ballonnements, fatigues, etc. Ici, le système immunitaire se contente de générer des anticorps qui vont neutraliser l’intrus identifié. Toi, tu ressens des symptômes légers quelques heures après avoir ingéré ta tartine de pain « King size » ; et tu n’y as peut-être même jamais fait attention. Mais tu as plutôt intérêt à mettre la pédale douce si tu ne veux pas risquer que ça dégénère.

Quand on parle de la maladie cœliaque, c’est un autre combat. Là, ton système immunitaire est clairement en surchauffe, et il s’attaque aussi bien aux protéines de gluten qu’à tes propres cellules intestinales (les villosités). Ce fonctionnement anormal s’apparente bien plus à une réaction auto-immune qu’à une simple intolérance.

 

Et en ce qui te concerne, ça va créer des problèmes nettement moins drôles, car sans une muqueuse intestinale en forme, impossible d’absorber correctement les nutriments en provenance de ton alimentation. De là, tu peux te retrouver avec des carences, une perte de poids, des diarrhées chroniques… pouvant mener jusqu’à la malnutrition. Pas de traitement mais un régime simple : exclusion du gluten dans ton alimentation à vie.

* Auto-immunité et boîte de nuit

Imagine que ton corps est une boîte de nuit, dans lequel plein de gens trop cools – les nutriments – font la fête. Les portes d’entrée de la boîte, ce sont tes cellules intestinales, bien fermées voir blindées même, car elles sont recouvertes de mucus protecteur. Le videur à l’entrée c’est la zonuline, une hormone qui contrôle l’ouverture et la fermeture des portes.

 

A un moment de la soirée, il y a un mec bourré déguisé en nana canon qui se pointe devant la porte – notre très cher gluten. Il s’est bien maquillé et même s’il titube un peu, il parvient à faire du charme à la zonuline, qui finit par laisser passer. Ce soir-là, le mucus de ta paroi intestinale est déjà un peu abîmé, la porte est déjà entrouverte et pas trop difficile à pousser – notre faux ami gluten vient donc de parvenir à entrer dans la boîte de nuit où la fête bat son plein.

 

Comme il a un coup dans le nez, il commence à ennuyer sérieusement les autres personnes, il casse des verres, et crache par terre… Repéré ni une ni deux par ton système immunitaire – les physios qui veillent dans la boîte – il est vite neutralisé, et la fête reprend tranquillement.

Mais plus la soirée avance, plus d’autres mecs bourrés parviennent à pénétrer dans la soirée. On passe d’un à dix, puis vingt… Ça semble ne jamais s’arrêter, et l’ambiance tourne au vinaigre. La sécurité est surmenée, sur le qui-vive en permanence. Tes lymphocytes qui géraient sereinement le problème sont maintenant arme au poing. Quand ils atteignent le point de rupture, c’est le burn-out et plus rien ne les arrête : il se mettent à tirer à la machine-gun sur le gluten, mais aussi sur tout ce qui les entoure – et ça fait des trous dans les murs.

Le gardien de ta paroi intestinale est charmé par le gluten déguisé en cellule nutritive.

Tu viens de comprendre, de façon simpliste, le fonctionnement de la maladie cœliaque et plus largement de certaines maladies dites « auto-immunes ». La morale de cette histoire est simple : quand on veut que la fête se passe bien et dure jusqu’au matin, on n’invite pas n’importe qui.

 

Si tu rencontres déjà des troubles récurrents dans ton quotidien, cesse de remettre la faute sur ta génétique ou ton hérédité, et pose-toi des questions sur ton mode de vie. Peut-être que quelques petits ajustements simples vont pouvoir aider ton corps à prendre une pause et à calmer l’inflammation – donc les symptômes – que tu ressens aujourd’hui. A toi maintenant de lire l’article sur l’hyperperméabilité intestinale pour attaquer la reconstruction et retrouver un corps au top de ses capacités !

 

 

 

Rédaction : Adrien Richard

Illustrations : Juliette Moitron

 

 

 

Sources :

 

Dr KOUSMINE, Catherine. Sauvez votre corps. J’ai Lu, 2003. 628 pages.

 

Dr BERTHELOT Louis, Dr WARNET Jacqueline. Les secrets de l’intestin. LGF, 2015. 384 pages.

 

WILLEM, Jean-Pierre. Les intolérances alimentaires : je ne veux plus être malade ! Broché, 2012. 410 pages.

 

DUFRESNE C. « Vivre avec les allergies alimentaires« . La Presse, 2009. 253 pages.

 

CDU-HGE, Editions Elesevier-Masson. Les fondamentaux de la pathologie digestive – chapitre 3. www.snfge.org. Décembre 2016

 

LA GRANDE SANTE. Le test des intolérances alimentaires : une thérapie incontournable. http://www.lagrandesante.com. Septembre 2017

 

VERMETTE, Katia. Allergie ou intolérance alimentaire ? Allergies Québec, http://allergies-alimentaires.org. Setpembre 2017

 

PASSEPORT SANTE. La Maladie Coeliaque : quelle différence avec une intolérance au gluten ? passeportsante.net. Juillet 2017.

 

Association Française Des Intolérants Au Gluten. La maladie coeliaque. http://www.afdiag.fr. Décembre 2016

Check ton toubib !
 

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