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Reflux gastro-oesophagien

Reflux gastro-oesophagien, le souffle du dragon

Je pressens qu’à la simple lecture de ce titre, ça a fait « TILT » dans ta tête. Normal, si ce reflux acide fait partie de ton quotidien, tu sais mieux que personne à quel point c’est incommodant, et comme à la longue cette situation peut devenir… irritante, sans mauvais jeu de mots.

Le reflux gastro-oesophagien, ou RGO pour les intimes

Les symptômes « stars » du RGO, ce sont les remontées acides (parfois jusqu’aux régurgitations, une partie du contenu de l’estomac se retrouve dans la gorge), et des sensations de brûlures qui remontent le long de l’œsophage. Mais il peut prendre des formes multiples et adjoindre une variété de désagréments surprenante : nausée, douleur gastrique ou thoracique, blocage à la digestion… Voir même dans certains cas, toux chronique et autres troubles ORL.

 

Bref, tu l’auras compris, s’il peut être assez facile à identifier, il peut aussi occasionner tout un tas de troubles, sur lesquels tu t’acharnes depuis des années, sans forcément en soigner la ou les causes. Ça tombe à pic, c’est justement là-dessus que l’on va se pencher, accroche-toi ça va secouer.

Remontées acides, brûlures d'estomac, régurgitations, sont monnaie courante pour les malades atteints de RGO.

Le premier coupable systématiquement pointé du doigt en cas de reflux, c’est la mécanique. Autrement dit frère, tu dois avoir un sphincter inférieur un peu « mou du genou », qui a tendance à se relâcher en dehors des repas – à un moment où il ne devrait pas. Il faut que tu comprennes que cette tendance naturelle à la relaxation n’est pas forcément liée à « LA GÉNÉTIQUE » (autrement nommée le Saint Graal des explications à tout qui n’explique rien), mais qu’elle peut être souvent favorisée par certains facteurs alimentaires. Et il y en a un en particulier qui est particulièrement influant, c’est la fermentation gastrique.

Mufasa épuisé lâche la falaise, comme le sphincter de ton estomac.

En effet, si ton estomac produit des gaz en excès lors de la digestion, il risque de se distendre et la pression sur le sphincter augmente. Au bout d’un moment, à l’instar de Mufasa accroché à la falaise, il est épuisé, et il lâche pour quelques instants de récupération bien mérités. Remontent alors d’abord les gaz ; puis si l’estomac est plein, une partie de son contenu. Et là, ça brûle un peu dans le fond.

Les causes qui font augmenter la fermentation gastrique sont nombreuses : digestion incomplète du lactase (produits laitiers) ou de certains glucides, mauvaise dégradation des fibres, repas express trop peu mastiqué, consommation de boisson gazeuse en excès, vidange gastrique trop tardive due aux excès d’alcool… Tu l’as compris, autant de facteurs sur lesquels il va falloir bosser si tu veux améliorer ta situation.

 

Pour continuer sur les problèmes de machinerie à proprement parler, on place en second le manque de compétences de l’œsophage. Comme celui-ci balaie fréquemment son contenu vers l’estomac – péristaltisme quand tu nous tiens – il ne laisse jamais d’acide, qui aurait pu remonter, stagner bien longtemps. S’il traîne un peu la patte et s’accorde quelques pauses trop fréquentes, un peu d’acide mal placé aurait vite fait d’attaquer les parois. Mais qu’est-ce qui déclenche la danse de l’œsophage déjà ? … La déglutition, et avec elle… L’arrivée de salive !

 

Avançons un peu dans le scénario, ton conduit a fait une pause et un peu d’acide est remonté dans l’œsophage. C’est là que rentre en jeu le système de sécurité des muqueuses : le mucus œsophagien. Celui-ci est fabriqué par des glandes sécrétrices situées dans la paroi de l’œsophage, qui déclenchent les opérations… au contact de la salive ! Maintenant tu trépignes et tu veux savoir comment améliorer ta production salivaire ? Pas de secret entre nous, il te faut revenir au chapitre 1 relatif à la Bouche !

 

La troisième piste à suivre est plus d’origine structurelle. Lorsque l’on fait des efforts un peu trop soutenus (toux, éternuements, défécation, rire, porter des objets lourds), la pression dans l’abdomen et dans l’estomac devient trop forte pour être contenue par le sphincter inférieur seul. Heureusement, le diaphragme est à l’œsophage ce que Robin est à Batman, et en situation de détresse, il arrive à la rescousse – dans notre cas, il se contracte.

 

Malheureusement, il existe une situation qui ne favorise pas cette intervention de soutien. Si jamais ton estomac remonte plus haut que prévu et que ton sphincter inférieur ne se trouve pas à la même hauteur que le diaphragme, on parle de hernie hiatale (ah, la bonne vieille génétique !). MAIS NE VA PAS TE CACHER DERRIÈRE CETTE EXCUSE : oui, ce patrimoine issu de tes ancêtres peut être un facteur aggravant au RGO, on ne va pas se mentir. Par contre, il n’en est jamais la cause unique – des milliers de personnes ont des hernies sans le moindre reflux ; tandis que de nombreux autres « profitent » du reflux sans la moindre hernie!

* COUP DE GUEULE !

Coupable idéal, l’acide lui-même. Puisque c’est lui qui cause des dommages, on s’est dit qu’il était probablement produit en excès, donc on le passe à tabac. Et en médecine moderne, c’est parti pour l’indéboulonnable traitement à base d’inhibiteur de la pompe à protons. Encore une brillante idée de la médecine occidentale classique : il y a un symptôme, donc on supprime le symptôme. Point. La cause, on verra plus tard. Dans un état d’urgence, on est OK là-dessus, mais lorsque cela cause plus de dommage que de bénéfices sur le long terme, je demande un temps mort.

La production d’acide par l’estomac est strictement la même chez un sujet qui souffre de RGO que chez un sujet normal. D’ailleurs, 40% des gens qui se médicamentent aux inhibiteurs ne voient pas d’amélioration de leurs symptômes. Ça, c’est un fait avéré.

D’autre part, sans acide gastrique, certaines bactéries atteignent l’intestin, le travail des enzymes gastriques est mal fait, le bol alimentaire ne sera pas totalement assimilable, et certaines vitamines (fer, calcium, B12) ne seront que partiellement absorbées – on peut alors imaginer facilement que par la suite, ça va causer des dégâts. Mon petit dragon, je t’en supplie, essaye de prendre soin de toi et d’améliorer ton hygiène de vie avant de croire tout ce que dit le doc’ !

Fiou, ça défoule un coup de gueule, incroyable le bien que ça fait ! Tu devrais essayer aussi de temps en temps tu ne crois pas ?

 

Tu sais, pour une fois il n’y a pas de plaisanterie ; je ne te dis pas ça pour rien. A ton avis, quel est le pire fléau du monde dans lequel tu vis ? Celui qui détruit ton corps, ton esprit et celui de tes proches ? Qui déséquilibre ton corps et te fait régurgiter de l’acide ? Et bien si tu ne le tiens toujours pas, je vais te le dire. La première cause de toutes les maladies, ce ne sont ni les aliments, ni les toxines, ni les virus, rien de tout ça. Je pense plutôt que le point de départ, c’est bel et bien LE STRESS (rien que de l’écrire, j’en ai un frisson).

Dans le cas de notre RGO, il faut que tu saches que ce que j’avance est scientifique : le stress retarde la vidange de l’estomac et favorise de fait le gonflement de ton estomac – donc épuise ton sphincter inférieur qui se relâche plus facilement. Il augmente la production de cortisol, une hormone qui favorise la sécrétion acide. Il disjoint aussi les jonctions serrées et espace les cellules œsophagiennes, facilitant ainsi le passage de l’acide entre elles, là où se trouvent les nerfs. Voilà pourquoi ça fait mal, et pourquoi ça présente aussi un risque de se détériorer et devenir plus problématique si tu laisses la situation durer.

Le stress est la cause majeure du reflux gastro-oesophagien, médite et tu l’évites !

La liste des dommages générés par le stress est presque sans fin. Aussi va-t-il être temps de faire un peu de ménage dans ta vie et d’éliminer les facteurs qui te l’imposent quotidiennement. Tu peux aussi te soulager par des exercices de relaxation, respiration, yoga, ou méditation. Tout est possible selon tes goûts, mais tu l’auras compris, la recette d’une belle vie c’est « Keep Cool Baby ».

 

Dernier accusé à la barre, l’alimentation. Et là, il va être grand temps de te regarder dans le reflet de ton frigo. Voici, en quelques points clés, les habitudes alimentaires à modifier pour faire de ton appareil digestif un monde de douceur que rien n’irrite.

Mange des fruits et légumes pour les fibres, vitamines, oligo-éléments, minéraux, antioxydants...

Faire le plein de fruits & légumes

Pour que ton œsophage et ton estomac retrouvent la pêche et travaillent de concert, il faut commencer par leurs donner les éléments dont ils ont besoin pour bien fonctionner : fibres, vitamines, oligo-éléments, minéraux, antioxydants, ions alcalins. Et tout ça, ça se trouve en quantité UNIQUEMENT dans les légumes et les fruits… un peu moins dans les boulettes surgelées. On peut être encore plus déprimant et se rappeler que la qualité nutritionnelle des produits industriels ou issus d’une agriculture conventionnelle est souvent très médiocre.

Bref, si tu veux avancer, va falloir commencer par se dire que ton carburant doit être de bonne qualité. Cesse de pleurer devant tes hamburgers minute, prend ton courage à deux mains, aiguise ton plus beau couteau et débite une courgette en rondelles, jette ça dans la poêle avec une gousse d’ail et un trait d’huile d’olive. Ma parole, tu ne seras pas complètement guéri de ton RGO après ta première assiette, mais tu seras en bonne voie. Bien mieux que ça, tu seras un nouvel Homme.

Se recharger en oméga 3

Toutes les études s’accordent à dire que les Français sont carencés en acides gras essentiels de la famille des oméga 3 (huile de colza, sardines, maquereau) et consomment beaucoup trop d’oméga 6 (viandes, œufs, huile de tournesol). Sans même rentrer dans une explication complète de l’importance des oméga 3 pour l’ensemble de ton organisme – mais crois-moi on y reviendra ! – imagine deux secondes comment ils peuvent t’aider dans ton problème de retour de flamme. Une idée ? Non ? Allez, je t’aide.

Tu peux te recharger en oméga 3 en mangeant des sardines notamment.

Ils sont constituants des membranes qui protègent les cellules, et occupent l’un des premiers rôles dans la synthèse de composés anti-inflammatoires par ton organisme. Or en cas de reflux, la muqueuse œsophagienne est dans un état d’inflammation permanent. Et c’est bien ça qui chatouille les nerfs et qui fait mal, sans parler des conséquences graves que cet état peut engendrer sur le long terme… Mais comme dès à présent tu changes de mode de vie, il n’est pas question d’en arriver là, bien au contraire ! Je te vois déjà, armé de ta canne à pêche et de ton plus beau sourire, sur la jetée du port de Brest, à braver la tempête pour remplir ton seau bleu de sardines fraîches. Et puis si tu ne te sens pas d’en arriver là, transforme juste le contenu de ton caddie. C’est moins glamour, mais ça marche aussi.

Réduire les aliments inflammatoires

Le lactose (sucre issu du lait) et le gluten (amas de grosses protéines issues du blé) sont très difficiles à dégrader pour l’organisme. L’arrivée de protéines entières et non dégradées dans l’intestin grêle et le côlon conduisent souvent à créer des intolérances alimentaires. Ces dernières peuvent se manifester de multiples façons et nous y reviendrons dans un prochain chapitre ; mais une chose est sûre : elles favorisent l’inflammation – et le terrain inflammatoire, c’est jamais bon pour le reflux. D’ailleurs, un chouette mec, le Docteur Jean Seignalet, a mis en place ce qu’il appelle le régime hypotoxique (par opposition à toxique !) : dans les grandes lignes c’est un régime sans gluten, sans céréales mutées ni produits laitiers, avec des cuissons à basse température. Il explique qu’avec la mise en place de ce régime, on parviendrait à réduire voire faire disparaître les symptômes de plus de 90 maladies complexes… Dont nombre de maladies dégénératives, auto-immunes, etc – études à l’appui. Ça ne peut pas faire trop de mal, non ?

Fais gaffe aux aliments acides ou brûlants comme le piment pour ne pas irriter ta muqueuse.

Faire attention aux aliments acides ou brûlants

La réflexion est enfantine mais pas moins dénuée d’intérêt. Si ça pique dans la bouche, alors ça ne peut pas faire de bien à une muqueuse à vif ! Gare aux piments, agrumes, gingembre et tartines de Wasabi !

Apprendre à boire mieux

Je te l’ai déjà dit, on évite de boire des litres d’eau pendant les repas. Mais quand on doit se préoccuper en plus d’un RGO handicapant, on va être deux fois plus vigilant. A ce titre, tu vas mettre la pédale douce sur les boissons gazeuses : elles favorisent la distension gastrique. Or plus ton estomac gonfle, plus ton sphincter se fatigue, plus il a besoin de repos… Plus tu rotes des flammes.

Le plus dur arrive maintenant, il va falloir refréner un brin ta passion amoureuse avec l’alcool – si ce n’est mettre un terme à la relation pendant un temps. Si certains alcools forts peuvent être directement toxiques au contact de la muqueuse, tous conduisent à un ralentissement de la vidange de l’estomac ; et encore une fois c’est ton œsophage qui va devoir en assumer les conséquences.

Ne bois pas d'eau pendant les repas ou tu cracheras du feu !

Je crois que tu as saisi : on accuse trop souvent à tort notre chère tuyauterie, mais avant de pointer le doigt sur elle il est important de réfléchir AUX CAUSES qui ont pu la conduire à défaillir. Si tu veux réduire ton reflux, il ne va pas falloir se concentrer sur UN SUJET ou L’AUTRE, mais bien prendre en compte une MULTITUDE DE FACTEURS. Et c’est pareil pour toutes les maladies du monde : tu vas voir dans la suite à quel point tous les organes et leurs fonctions sont liés, et qu’un symptôme est bien souvent révélateur d’un déséquilibre global.

 

Au boulot, champion !

 

 

 

Rédaction : Adrien Richard

Illustrations : Juliette Moitron

 

 

 

Sources :

 

BIGARD, Marc-André. Le reflux gastro-oesophagien : conceptions actuelles. John Libbey, 2003. 142 pages

 

Dr COTINAT, Martine. Soigner le reflux naturellement. Guide, 2014. 312 pages.

 

Dr COTINAT, Martine. Petits plats savoureux contre le reflux. Thierry SOUCCAR Ed., 2018. 128 pages.

 

SNFGE – Société Nationale Française de Gastro-Entérologie. Reflux gastro-œsophagien (RGO). Rédaction : H. Joubert – www.snfge.org – Septembre 2017.

 

CASANOVAS, Thierry. VIDEO : Reflux gastrique, Helicobacter, digestion et acidité, Partie 1 & 2 – https://www.youtube.com.

Check ton toubib !
 

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