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Dysbioses

Dysbiose, un problème de famille

Assise au milieu, il y a Mamie Quenotte, qui s’est toujours privée de tout pour dédier sa vie à la charité. A sa droite, Oncle Roger vide son septième verre de rouge alors que l’apéro n’a pas encore commencé. Ce matin, son verre de Chinon a un goût amer : c’est bel et bien un groupe de turcs qu’il a aperçu, installés dans son troquet préféré. Ton cousin Hubert en face de lui n’a jamais eu ce genre de considération, peut-être même n’y a-t-il jamais pensé. A bien y réfléchir, c’est probablement le cas, il n’a jamais été très cérébral – son dada à lui, c’est plutôt la muscu. Toi qui rêve d’un monde meilleur où les hommes auraient le brocoli comme seule monnaie d’échange, tu te trouves bien à l’étroit entre Papa Réussite et Maman Yoga… eux qui ont bâti un véritable empire financier en révolutionnant le marché européen de la soupe instantanée.

Oui mais voilà, c’est comme ça une famille. Et c’est parce qu’elle est aussi hétérogène qu’elle fonctionne aussi bien : où diable Papa aurait-il trouvé une telle énergie d’entreprendre, si ce n’est dans l’envie de fuir la pauvreté qu’il a bien trop connu dans l’enfance ? En y repensant, il ne serait pas allé très loin sans les précieux contacts commerciaux de Roger, qui, à force d’apéros, a serré la main à plus de la moitié de la ville. Hubert sauve probablement la fin du repas : sans ses gros bras, on aurait été bien incapable de monter le lave-vaisselle, et ça aurait fini en drame familial. Quant à toi, tu peux te croire meilleur(e) que tout le monde, mais sans le confort de ton frigo plein de légumes bio et les bouquins que tu as gratté sur la bibliothèque de Maman Yoga, peu de chance que tu sois aussi inspiré(e) aujourd’hui.

L’équilibre vient de la complémentarité des individus

En réalité, les problèmes commencent quand on enlève une pièce du puzzle et que l’un ou l’autre en profite pour inviter un de ses amis sur la chaise vide : ambiance raciste garantie avec Roger s’il ramène son copain Riton, overdose de testostérone pour Hubert et son copilote du Club Med Gym, ou remake du « Loup de Wall Street » version soupe lyophilisée avec Papa et son collègue préféré.

La dysbiose, c’est quand ta flore intestinale contient plus de méchants que de gentils

Ta flore intestinale fonctionne EXACTEMENT de la même façon. Certaines bactéries ont pour mission de dégrader les fibres, d’autres sont spécialistes de la viande, quand certaines te protègent en permanence des envahisseurs extérieurs, etc. Lorsque ces différentes populations bactériennes ne sont plus dans les bonnes proportions, et bien ça tourne au vinaigre : c’est ce déséquilibre qu’on appelle la dysbiose. Certaines espèces opportunistes vont alors en profiter pour prendre le dessus et imposer leur ambiance – et crois-moi, certaines d’entre elles ne sont clairement pas sympas. C’est à ce moment-là que toi, tu vas commencer à ressentir des symptômes.

 

Si on le sait, alors il n’y a qu’à faire en sorte de garder tout le monde à table pour éviter les emmerdes, me diras-tu? Tout à fait d’accord, encore faut-il comprendre ce qui peut conduire à la disparition, ou au contraire, la montée en puissance, de certaines bactéries.

Jamais par hasard

Comme on a pu le voir dans l’article sur le microbiote, celui-ci nous est transmis par notre mère lors de notre naissance. Aussi, si ta mère possède déjà une flore intestinale dégradée ou incomplète lorsque tu viens au monde, il y a peu de chance que la tienne se construise tout à fait dans le bon sens. Qui plus est, si tu es né(e) par césarienne ou que tu n’as pas été allaité(e), tu as plus de chances d’avoir hérité des bactéries de l’hôpital que de celles de ta génitrice… Il y a donc un premier facteur héréditaire direct qui peut favoriser l’installation d’une dysbiose sur le long terme – message à toutes les mamans : on pense à bébé, mangez des fibres!

 

L’utilisation de médicaments peut également perturber fortement la constitution d’un microbiote sain. Si certains vaccins contiennent des traces d’éléments toxiques – aluminium ou mercure – qui agissent comme de véritables bactéricides, notre bien-aimée médecine occidentale a tendance à dégainer un peu trop facilement les antibiotiques à la première infection venue. Or, à l’inverse de « PRO-biotiques », tu l’auras compris, les « ANTI-biotiques » portent la mort jusque dans leur racine étymologique.
Ces produits sont certes extrêmement efficaces pour détruire des pathogènes indésirables, mais malheureusement ils ne font pas de tri et détruisent au passage une bonne partie de notre précieux biote intestinal. Aussi, voilà au moins un conseil du petit écran qu’il te faut appliquer avec ferveur : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ! »

 

Bien entendu, il arrive ponctuellement que des éléments extérieurs viennent perturber la flore intestinale. C’est le cas de certains virus ou bactéries. Qui n’a pas déjà expérimenté cette bonne vieille tourista ou « diarrhée du voyageur » le lendemain d’un délicieux smoothie aux fruits frais consommé au détour d’une échoppe locale ? Ou encore vécu cette nausée démoniaque au bureau après avoir croisé un enfant tout jaune dans le métro ?
D’autre part, si la rigueur hygiénique quasi-nazie nous épargne de la majorité des risques de contagions dans nos contrées européennes, certains pays nous offrent encore l’opportunité de pouvoir rencontrer d’authentiques parasites, tels que les amibes ou les vers. Lave et cuis tes fruits et légumes, et filtre ton eau, aventurier, autrement c’est une affaire qui risque de mal terminer !

 

Dans la catégorie « dysbiose chronique à long terme », on retrouve sur la troisième marche du podium… le manque de motricité intestinale. Si tu es constipé et que ton transit est trop lent, il va se créer des stases dans ton intestin qui vont favoriser le développement de bactéries qui n’ont rien à faire là. Il faut bien comprendre une chose : dans le nature, le mot déchet n’existe pas. Aussi, si des fragments de nourriture restent bloqués quelque part, sois bien sûr qu’ils finiront par nourrir quelque chose. Morale de l’histoire, on mange des fibres ! En plus de nourrir les « bonnes » bactéries, elles vont accélérer ton transit et éviter les bouchons mal venus !

 

Avant-dernier pas avant le top 1, l’un des plus grands perturbateurs de ton équilibre bactérien est sans aucun doute LE STRESS. En effet, lorsque tu rencontres une situation de vie stressante, ton cerveau analyse « DANGER ». Il déclenche alors une quantité de réactions métaboliques en cascades pour que tous tes organes se tiennent prêts à affronter les événements. Ces mécanismes vont générer une avalanche de toxines (les métabolites), qui vont devoir être prises en charge par ton microbiote. Aussi, si le stress fait partie de ton quotidien, tes pauvres petites bactéries sur-sollicitées finiront, à terme, complètement épuisées !

Enfin, dans la catégorie « générateur de dysbiose », la médaille d’or revient sans aucun débat à l’alimentation. Et que je ne te prenne pas à jouer faussement la surprise ! La logique est implacable : certaines bactéries affectionnent les fibres, d’autres préfèrent la viande, quand certaines se passionnent pour le sucre, etc. Pour illustrer, si tu ne manges QUE (ou presque que) de la viande, celles qui aiment les légumes vont MOURIR, et tu vas favoriser le développement d’une souche qui raffole des protéines. L’équilibre se rompt, et ainsi commence la galère.

 

Fin limier que tu es, tu as dû lire entre les lignes : si tu veux éviter de cultiver en toi un terreau propice à la dysbiose, commence par maintenir une alimentation variée, riche en fibres, et tiens-toi loin du stress. J’AI DIT ZEN, BORDEL !

Trop de viande nuit aux bonnes bactéries qui aiment les légumes

C’est grave docteur ?

Un peu, beaucoup, carrément ou pas du tout ; en réalité ça dépend surtout du degré d’avancement du déséquilibre, et s’il est « solidement établi ». La dysbiose, en fonction de sa gravité, peut se manifester par un large éventail de symptômes et être plus ou moins handicapante – c’est la raison pour laquelle il n’est pas toujours évident d’y penser.

Si une perturbation locale mineure du microbiote peut survenir directement suite à une infection ou à la consommation d’antibiotiques et se manifester par quelques selles liquides ou molles, elle ne devrait pas perdurer et ton jardin intérieur devrait naturellement se rééquilibrer dans la semaine qui suit. En revanche, lorsque tu as un terrain déjà plutôt propice aux complications (mauvaise alimentation, excès répétés, hérédité moyenne, stress quotidien, etc.), tu as toutes les chances que ça prenne une tournure un peu moins fun – malheureusement pour moi, j’en sais quelque chose !

 

Pour te la faire courte et que tu comprennes bien l’enjeu, il faut que tu captes qu’une flore intestinale qui se dégrade, c’est un cercle vicieux global qui s’enclenche :

Les produits non digérés qui s’entassent nuisent au bon fonctionnement de ton système digestif

Un microbiote affaibli sera moins efficace dans sa lutte contre les invasions d’indésirables. Ton système immunitaire ainsi fragilisé va donc laisser s’installer de plus en plus de germes pathogènes qui vont se multiplier et générer de plus en plus de toxines – et potentiellement créer des troubles à différents endroits du corps (c’est le cas par exemple du Candida Albicans, plus détaillé sur l’article Candida, un champignon qui vous veut du bien).

 

Sans ton armée de bactéries opérationnelles, ta digestion et ton transit risquent de s’avérer moins performants. Cela peut te conduire à la constipation ou à la malabsorption : dans les deux cas, des résidus alimentaires non utilisés vont traîner dans les tuyaux, favorisant ainsi le développement de familles qu’on n’aurait pas voulu avoir chez soi.

 

Certaines souches ont pour mission de protéger ta muqueuse intestinale et se portent garantes de son fonctionnement. Ces dernières étant absentes et remplacées par des souches indésirables, tu as toutes les chances de dégrader ton intestin de l’intérieur, au risque d’atteindre un niveau où il deviendra hyperperméable.

A terme, si on pousse le bouchon un peu trop loin (une pensée émue pour Maurice le poisson rouge), on arrive jusqu’à des dérèglements métaboliques profonds, des troubles immunitaires et hormonaux… Bref. Pour te résumer la dysbiose en un mot, c’est un peu la m…isère, pas vrai ?

Retour à l’équilibre, mode d’emploi

Malheureusement, comme nous tous ou presque, il t’a fallu atteindre le point de non-retour pour que tu commences à te préoccuper de ta santé. Maintenant que tu alternes joyeusement « constipation béton » et « diarrhée en spray », te voilà fermement déterminé à agir. Pas de bol, désormais tu as beau manger tous les légumes du monde, ils ne font qu’amplifier tes ballonnements et aggraver tes douleurs gastriques. Courage, je suis la preuve vivante qu’on peut en revenir indemne avec patience et persévérance – voici pour toi, tracé sur une carte, le long chemin vers l’équilibre de ta flore intestinale. Et pour cela, plusieurs écoles.

 

La première et bien connue c’est l’option « FULL PROBIOTIQUES« . Cette approche thérapeutique se concentre sur une réalité objective : certaines familles bactériennes manquent à l’appel, donc en les consommant artificiellement et massivement tu vas opposer une concurrence aux souches pathogènes et par voie de conséquence, tu finiras par retrouver une forme d’équilibre. Tu le sais, ici on est adepte du « Oui mais… », aussi il me semble important d’apporter quelques précisions : OUI, la prise de probiotiques non-alimentaires s’avère très souvent nécessaire en cas de dysbiose profonde, MAIS attention car elle doit suivre certaines règles pour s’avérer efficace (si tu ne sais pas encore ce qu’est un foutu probiotique, ou si tu n’as pas la moindre idée de ce dont je te cause, je te conseille vivement de faire un tour sur le « TUTO PROBIOTIQUES – GOBER DES BACTERIES POUR KIFFER TA VIE »).

 

Avant de passer à la deuxième option, je laisse en suspens une petite interrogation gratuite : rajouter des bactéries sur d’autres bactéries, ça ne risque pas de faire un peu excessif à terme ?

C’est sur ce versant de la réflexion que se positionne la seconde option, qu’on pourrait plutôt nommer « MAKE SOME SPACE« .

Approche un peu différente qui consiste à partir de l’autre versant de la réalité : tu es colonisé(e) en excès par une flore indésirable qui occupe la place des souches bactériennes intéressantes. De fait, si on casse la tête aux gêneurs, les familles plus sympas auront tout l’espace nécessaire pour se réinstaller. Même combat que pour la première option, OUI cette théorie est aussi implacable que brillante, MAIS elle ne peut être menée au hasard.

T’as choisi d’en découdre avec ta flore intestinale : “au front soldat !”

« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même, eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux » disait Sun Tzu. Une réflexion bien sage, mais surtout applicable quel que soit le combat que l’on s’apprête à mener. Aussi il apparaît essentiel de déterminer précisément quel type de bactérie nous pose problème : il est question de taper au bon endroit et avec l’arme la plus efficace. C’est donc empli de gratitude que je m’appuie sur les recherches du Docteur Donatini, qui nous suggère d’utiliser une méthode d’analyse qui a fait ses preuves : le test respiratoire.

* Test respiratoire, Kézako ?

Le principe est hyper simple, tu vas comprendre très vite. En cas de dysbiose, tu héberges des populations bactériennes en excès, et souvent pas au bon endroit : ces dernières ont tendance à remonter jusque dans l’intestin grêle, qui est d’habitude un organe quasi « propre ». Lorsque tu manges, elles vont fermenter les aliments que tu avales et, par voie de conséquences, produire des gaz qui vont remonter jusque dans ta bouche.

Le test respiratoire consiste donc à te faire manger un aliment sucré, et mesurer les gaz que tu expires trois heures après ingestion : selon le(s) type(s) et la quantité de gaz expiré, on va pouvoir déterminer quelles sortes d’individus sont en excès, et dans quelle proportion !

Si dans les faits on est capable de mesurer cinq types de composés volatils, dans la pratique, on va s’intéresser à trois grandes catégories qui suffiront à nous donner les renseignements que l’on recherche. Une fois le suspect appréhendé, le Dr. Donatini propose d’utiliser les vertus anti-bactériennes et anti-fongiques des huiles essentielles, qu’il associe aux propriétés de certains champignons médicinaux.

L’hydrogène en excès

Il traduit une flore localisée plutôt dans le côlon ascendant. Elle s’accompagne souvent de forts ballonnements. Dans ce cas, le thym et la menthe sont recommandés.

Le méthane

Il indique quant à lui plutôt une inflammation chronique et une dysbiose un peu plus profonde. Il va souvent de pair avec un ralentissement du transit, et une muqueuse déjà fragilisée. On traitera plutôt ces bactéries invasives avec une association origancannelleclou de girofle.

Le méthylacétate

Il est produit lorsque nos aliments subissent un processus de vinification. Ce terrain extrêmement acidifiant est propice aux candidoses. Dans ce cas, c’est la combinaison du citron, du gingembre et du Tea-Tree qui semble la mieux adaptée.

* Mise en garde !

Attention à ne pas se jeter à corps perdu dans un traitement (même naturel !) sans analyse et avis médical préalable. Pour exemple, la consommation d’huiles essentielles en quantité inappropriée aura des effets très néfastes sur d’autres organes, comme l’œsophage et le foie. Comme je suis sympa, voici un lien qui te donne les coordonnées des praticiens formés à cette méthode. Tu fais gaffe, promis ?

Même pour un traitement naturel, check ton toubib !

Nous voici rendus à l’heure de la divine conclusion. La dysbiose est un dysfonctionnement occasionné par un déséquilibre de ton microbiote. Elle peut être plus ou moins profonde et t’emmener du simple pet échappé au premier RDV Tinder jusqu’à des symptômes de malabsorption chronique, d’hyperperméabilité intestinale, et j’en passe… Bref, tu as tout intérêt à t’y pencher, à commencer par surveiller un peu ton mode de vie, car c’est bel et bien le premier facteur qui peut te conduire au pépin.

 

Lorsque tu te trouves déjà face au mur, deux approches s’affrontent : tu gobes des quantités de probiotiques pour les inviter à « reconquérir » un espace qui leur revient de droit, ou tu déclares la guerre aux indésirables pour faire de la place aux bonnes bactéries. On s’est compris : en ce qui me concerne, je suis convaincu que les deux options sont parfaitement complémentaires et même, qu’elles ne fonctionnent pas l’une sans l’autre. Surveille ton assiette et arrange-toi déjà pour nourrir les souches intéressantes, tout en évitant de favoriser les conditions qui invitent les casseurs d’ambiance.

Si tu soupçonnes une dysbiose bien ancrée, consulte un professionnel de santé et fais les tests adaptés pour connaître précisément ton problème et la méthodo qui va bien pour le régler. Entre ça et tous les conseils que je te donne, t’as intérêt à y arriver, bordel !

 

 

 

Rédaction : Adrien Richard

Illustrations : Juliette Moitron

 

 

Sources :

 

SONNENBURG, Erica & Justin. L’incroyable pouvoir de votre microbiote. Broché, 2016.

 

Dr BERTHELOT Louis, Dr WARNET Jacqueline. Les secrets de l’intestin. LGF, 2015. 384 pages.

 

INSERM. Microbiote intestinal (flore intestinale) : Une piste sérieuse pour comprendre l’origine de nombreuses maladies. inserm.fr. Décembre 2017.

 

Dr DONATINI, Bruno. VIDEO : Bruno Donatini : Protéger sa flore intestinale. https://www.youtube.com/watch?v=FjZQx9crV7k. Décembre 2017

 

ETIENNE, Christophe. Dr Bruno Donatini : traiter enfin les dysbioses intestinales. clesdesante.fr. Novembre 2017.

 

AFP. Et si l’avenir de la médecine se trouvait dans l’intestin ? www.sciencesetavenir.fr. Janvier 2018

 

CASANOVAS, Thierry. VIDEO : Sur-développement bactérien dans l’intestin, du cerveau aux intestins et vice versa https://www.youtube.com/watch?v=fVkWQNRaWaI Août 2016

Check ton toubib !
 

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