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Crise de foie & Gueule de bois

Ta gueule de bois ressemble à une crise de foie ?

Certains crieront à l’injustice, d’autres en appelleront au Karma, quand les derniers s’en remettront avec fatalisme au Saint Doliprane. Une seule certitude subsiste : une souffrance commune post soirée gargantuesque.

Nous y voilà, après un copieux « apéro rhum arrangé », toi et tes affreux congénères vous êtes bâfrés comme des veaux de 20h à 00h, s’en est suivi le « petit digeo », puis une de ces virées nocturnes agrémentée de ses quelques tequila PAF… et c’est seulement dans la fraîcheur de l’after, aux alentours de 9h du mat’ le lendemain, que tu as finalement entrepris de t’hydrater en trempant ton kebab dans un vaillant coca.

Aujourd’hui dimanche, et après quelques timides heures de repos en Position Latérale de Sécurité, voilà que tu te sens barbouillé, fatigué, nauséeux voir migraineux. C’est donc avec une fragilité certaine que tu tapotes « remède contre la gueule de bois » ou « se sortir de la crise de foie » sur ton moteur de recherche. Avant que tu ne te retrouves, comme moi quelques années en arrière, les pieds dans une bassine de lait – naïvement abusé par un troll sur un forum de grande audience – voici quelques explications et conseils pour affronter ce que tu traverses aujourd’hui.

Les excès pendant la fête promettent une bonne gueule de bois

Crise de foie

 

Attention, on démarre avec du scoop LOURD : la crise de foie n’existe pas. Sache que sous ce genre de punchline empreinte de liberté se cache une vérité absolue – mais j’ai bien conscience que cette simple affirmation ne te suffit pas, il te faut des preuves et des précisions. Décortiquons alors un à un les symptômes que tu as déjà pu rencontrer après, par exemple, les deux semaines de gavage de ton dernier « marathon de Noël ».

 

 

Douleurs dans la région droite de ta cage thoracique (au niveau du « foie ») :

Ce n’est en réalité pas ton foie qui te fait mal, mais plutôt ta vésicule biliaire. Submergée par la quantité de gras à dissoudre, elle se contracte bien trop fréquemment pour envoyer la quantité de bile nécessaire pour venir à bout de sa mission. A titre de comparaison, essaye donc de contracter ton biceps en permanence pendant plus de trois heures – tu devrais faire rapidement l’expérience d’une sensation pénible… et développer un semblant d’empathie pour ta petite vésicule.

 

Nausées et / ou vomissements :

Ces symptômes résultent en réalité d’une indigestion, phénomène pour le coup strictement mécanique. Tu as fait un excès alimentaire, ton organisme ne trouve pas l’énergie de tout digérer, ton estomac est trop chargé : le résultat est sans appel, ton corps essaie d’évacuer le trop plein et il opte pour la solution la plus rapide – la nourriture repartira de là où elle est venue. Ta meilleure option, c’est d’accueillir avec joie le vomissement et de t’envoyer la plus sincère des siestes, ça devrait s’arranger vite.

 

Fatigue, faiblesse générale :

Tu viens d’ingurgiter une demi-tonne de cantal fondu sur l’équivalent de ton poids en pomme de terre et tu sens un coup de mou ? Ne cherche pas plus loin, il existe bel et bien une corrélation, aussi surprenant que cela puisse paraître. La digestion est de loin, avec l’activité cérébrale, l’un des pôles les plus énergivores de ton organisme. Plus tu te gaves, qui plus est d’aliments difficiles à digérer, plus tu mobilises et consommes d’énergie. Pour te donner une idée, la digestion « normale » représente déjà à elle seule entre 15 et 30% des consommations énergétiques quotidiennes !

Si tu manges et que tu boies trop, tu payes le prix fort

En synthèse, ce qu’on appelle communément « crise de foie » pourrait se traduire dans un anglais parfait par deux mots d’une pertinence rare : « TOO MUCH ». T’es allé trop loin, trop vite, trop fort, et t’as dépassé la jauge de ce que ton organisme est capable de gérer sur un temps donné. Résultat des courses, tout ton organisme te fait savoir qu’il a besoin d’une PAUSE, de PAIX et de REPOS pour venir à bout de la charge qui lui incombe. Il n’y a pas deux cents solutions qui s’offrent à toi : CESSE de manger pour un temps et REPOSE TOI au maximum. Tout ce à quoi tu as droit pour les douze prochaines heures, ce sont des jus de citrons chauds, des tisanes de gingembre, d’artichaut ou de romarin. Eux viendront en soutien de ton foie pour l’aider à la sécrétion de bile – et on n’en rajoutera pas une miette !

Gueule de bois

Ce qu’on appelle « gueule de bois » n’est ni plus ni moins qu’une « crise de foie » spécifique. L’histoire se ressemble, t’as poussé le bouchon un peu trop loin et tu en payes le tarif. Sauf que, dans ce cas précis, le coupable c’est l’alcool – et ça explique certains symptômes.

 

La dégradation de l’alcool par le foie occasionne la production de sous-produits clairement dangereux pour l’organisme. C’est en particulier le cas de l’acétaldéhyde et du méthanol, très souvent à l’origine de la fameuse « barre au crâne », mais aussi des nausées et vomissements. Tu as un/des produits que ton corps considère comme toxique(s) en excès dans l’estomac ? Il choisit toujours la solution la plus rapide pour calmer les dégâts, et évacue par la voie de sortie la plus courte, le gosier. Dans le cas où l’estomac est déjà vidangé, il s’agit de faciliter l’évacuation et le nettoyage du système digestif par le bas – c’est parti pour l’indéboulonnable diarrhée de lendemain de soirée.

La gueule de bois, c’est bien ton foie qui en fait les frais.

La présence de cette avalanche de toxines dans ton sang explique également d’autres phénomènes ; comme par exemple ton matelas trempé de sueur ou cet affreux furoncle sur le nez. Ton foie tourne à plein régime, tu te vides déjà par tous les orifices mais ça ne suffit pas à tout nettoyer ? Ton organisme prend donc le parti de faciliter l’évacuation en utilisant les voies de secours ; quatrième émonctoire activé, la peau ! (Si le mot émonctoire t’est encore inconnu, viens donc te « culturer » et drainer tes émonctoires !). Et voilà que les poubelles en excès sortent avec joie dans ces merveilleux boutons ou via cette transpiration à l’odeur si délicate. Elle en a de la chance, la belette qui a fini dans ton lit hier soir !

 

Pour ce qui est de l’énergie légendaire qui te traverse en cette matinée difficile, encore une fois, pas de surprise.
Je te fais le scénario : tu as pris un apéro des plus solides sans manger le moindre cornichon et tu enchaînes avec une soirée diabolique où l’alcool coule encore à flot. Évidemment, tout gonflé par la quantité de liquide que tu contiens, difficile d’avoir de l’appétit ! Tu manges donc liquide jusqu’au lendemain, après tout, c’est toujours un repas d’économisé.

On arrive en fin de soirée, tu as dansé comme un(e) malade et tu n’as rien d’autre que de la vodka bon marché dans le ventre depuis bien trop longtemps. Tes réserves d’énergie sont VIDES, les batteries sont à plat, et tout ton corps appelle d’une seule voix au Saint Kebab Double Cheddar supplément brownie en dessert.

 

Malheureusement, tout est fermé à cette heure tardive… c’est bien maintenant que tu aurais besoin d’aller puiser un peu dans ton stock de glucose perso. Manque de pot, l’alcool inhibe sa libération par le foie jusqu’à 8h après consommation.
Et c’est parti pour une petite hypoglycémie des familles, avec tout ce qui s’ensuit : vertiges, chute de tension, etc. Le pire, c’est que ça risque de durer un moment. Même si tu manges maintenant, ton foie, encore sous le joug de l’alcool, va avoir du mal à te recharger les batteries. En prévision pour toi, une de ces incroyables journées lit – toilettes – canapé – cuisine – avec peut-être si tu es assez motivé… une deuxième session canapé.

* Minute proverbe

L’expression « Avoir la gueule de bois » traduit l’extrême sécheresse buccale que tu rencontres au lendemain d’une cuite carabinée. D’expérience, c’est le samedi matin, en rampant péniblement vers le premier point d’eau à sa portée, que l’on prend toute la mesure de la véridicité de cette expression.


Tu utilises cette expression et comme moi, tu souhaites faire montre de la qualité de ton rang même au sein des situations les plus inavouables ? Sache que la communauté scientifique a une solution pour toi et te propose un terme approprié : la veisalgie, chéri. C’est quand même plus chic.

Quel impatient tu fais ! Cesse donc de trépigner, j’ai bien compris ce que tu attends, les voilà, les solutions pour apaiser ta peine.

 

Premier point, offre-toi donc quelques bonnes pintes d’eau. L’alcool a en effet stimulé fortement la sécrétion de vasopressine, une hormone qui génère l’activité rénale. Tes reins ont donc généré une quantité d’urine excessive, qui pour son évacuation a nécessité d’une quantité de flotte considérable. Tu as donc fleurté avec une petite déshydratation : cela explique ta « pâteuse » du réveil, mais aussi le mal de tête. N’oublie pas que dans certains cas de consommation d’alcool excessive, ton corps va puiser de l’eau jusque dans le cerveau !

 

Une fois bien hydraté, l’important tu l’auras compris, c’est de t’offrir du repos. Accepte la fatigue extrême qui fait de toi la limace que tu es et dors comme si ta vie en dépendait ! La nature fait si bien les choses qu’elle t’invite naturellement à larver sans plus de considération ; tu peux remettre la culpabilité à demain, aujourd’hui c’est permis.

Pour contrer l’acidité de l’alcool, lâche-toi sur les jus de légumes !

Enfin, le plus important à noter : l’alcool est extrêmement acidifiant et perturbe donc l’équilibre acido-basique naturel du corps. Ce dernier va chercher par tous les moyens à contrer cette acidose brutale, et va pour cela aller puiser dans le corps des éléments basiques ; plus particulièrement des minéraux. Si ces derniers sont apportés en quantité suffisante par l’alimentation, tu ne ressentiras pas le moindre désagrément occasionné par ce combat interne.

En revanche, si les pâtes au beurre représentent ton plat le plus élaboré, il est fort probable que ton apport en minéraux ne soit absolument pas suffisant. Dans ce cas, ton organisme ira naturellement puiser dans ses réserves naturelles, comme en premier lieu, les os et les articulations.

Afin d’éviter de construire les bases d’une ostéoporose solide, et dans une logique de « réparation d’urgence », tu as tout intérêt à éviter les aliments acidifiants en cette période de souffrance. Ainsi, évite les viandes, les céréales, le café et le thé ; privilégie à l’inverse des aliments doux et reminéralisants : pain complet au levain, légumes vapeurs, patate douce, avocat… et jus de légumes comme s’il en pleuvait ! Ils sont en effet la source la plus importante de minéraux bio-disponibles. Une fois passées à l’extracteur, les fibres irritantes pour l’intestin ne seront plus un problème, voilà pour toi un véritable « shoot de bases » ultra assimilables qui va te reconstruire en moins de deux !

* Bon à savoir

L’aspirine est également très acidifiante pour l’organisme. Pour ton crâne en feu même après trois litres d’eau, choisis plutôt des techniques d’automassage ou d’acupressure, tu en trouveras pleins sur le net – bien réalisées, elles seront d’une efficacité sans pareil. Pour les sceptiques, ça m’arrache le cœur d’écrire ça, mais si c’est vraiment l’enfer et en tout dernier recours, on se rabattra plutôt sur un bien triste Doliprane.

La cerise sur le gâteau, juste pour toi mon champion : le Desmodium est très souvent utilisé dans les cas de cirrhoses pour soutenir la reconstruction du foie et stimuler la régénération cellulaire hépatique. Si tu reviens de loin et que tu es parti pour te lancer dans les grands travaux de rénovation, rien de tel qu’une petite cure de vingt jours pour te remettre d’aplomb. D’ici là, je n’ai plus qu’une chose à te souhaiter…

 

A ta santé !

 

 

 

Rédaction : Adrien Richard

Illustrations : Juliette Moitron

 

 

Sources :

 

PASSEPORT SANTE. Foie : Anatomie, Douleurs, Prévention, Maladies. passeportsante.net. Juillet 2017.

 

Dr SCHMITZ, Thierry. Le foie, forteresse de la santé. www.alternativesante.fr. Juin 2017.

 

Dr COULOMB, Sylvie. Crise de foie : le foie n’y est pour rien ! http://www.e-sante.fr. Septembre 2017.

 

LE FRANCOIS, Pierre. La gueule de bois, quels remèdes pour la soigner ? passeportsante.net. Septembre 2017.

 

RL JR, Susick ; VG, Zannoni. Effect of ascorbic acid on the consequences of acute alcohol consumption in humans. Clin Pharmacol Ther. www.ncbi.nlm.nih.gov. Septembre 2017.

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